Si la femme est traditionnellement cantonnée à un rôle de cuisinière dans les foyers, La cuisine professionnelle a longtemps été est une affaire d’hommes. La cuisine : une tâche de femme, un métier d’homme pourrait-on dire. Une situation paradoxale dont presque toutes les femmes qui ont nourri l’ambition d’être cheffe de cuisine ont fait face. Comme si ce savoir faire était reconnu naturellement féminin dans la sphère domestique mais éminemment masculin lorsqu’il revêt un caractère professionnel.
Fort heureusement les choses bougent ces dernières années avec l’avènement d’une génération de cheffes prêt à relever le défi. Alors qu’il y a quelques temps je pouvais à peine citer 3 cheffes africaines aujourd’hui je peux facilement et avec fierté en citer une dizaine.
Les temps changent, l’image de la femme aussi;
Certains hôtels et restaurants n’hésitent pas à casser les codes à l’instar du Novotel Dakar qui a confié sa cuisine à la Cheffe Lorna Boboua do Sacramento.
Je pourrai l’appeler la surdouée des cuisines tellement son Cv peut en faire pâlir plus d’un. Diplômée en cuisine puis en pâtisserie des prestigieuses écoles Ferrandi et Cordon bleu, avec une expérience dans les grandes maisons telles que Le palais de l’Elysée, Jules Verne et la Pâtisserie Cyril Lignac, à tout juste la trentaine, Lorna est la première femme noire chef de l’hôtel. Avec son équipe elle compte proposer sa vision de la gastronomie africaine. J’ai eu la chance de gouter sa cuisine Décembre dernier lors de la soirée de présentation de mon livre. Accueillis pour l’occasion par le Novotel Dakar, elle nous a régalé à travers un sublime buffet créatif aux saveurs subsahariennes.
Sa cuisine est à son image, entre plusieurs cultures. Sa carte signature reflète ses voyages, ses rencontres et ses origines. On y retrouve des influences caribéennes, congolaise, et sénégalaise en autre avec une pointe de chic à la française. Un joli métissage qui exprime à merveille son désir de travailler les produits du terroir.

Le turbo rôti et son émulsion à la citronnelle, tombé de feuilles de patates douces

Betteraves caramélisées au sirop de bissap et meringue de baobab
Humble et passionnée elle est la touche qu’il fallait à l’hôtel. Déjà l’année dernière lors de mon séjour au Novotel, j’avais noté une réelle volonté de mettre en avant les trésors locaux avec l’arrivée d’un nouveau directeur de la restaurant dynamique et inspirée. L’organisation du festival We eat Africa a confirmé cette ambition de faire de l’hôtel un lieu incontournable dans la promotion de la culture et du savoir faire africain. Cheffe Lorna était de toute évidence un choix logique.
Née en France et ayant grandi au Congo Cheffe Lorna a posé ces valises il y’a quelques mois au Sénégal pour exprimer sa créativité dans le pays qui a longtemps nourri ces rêveries. «ma mère a habité pendant plusieurs années au Sénégal ma grand-mère à l’époque vendait des friandises togolaise pour nourrir la famille ; j’ai grandi en écoutant ma mère nous raconter pleins d’histoire sur le Sénégal. J’ai toujours voulu le visiter, j’ai d’ailleurs eu l’occasion de le faire plusieurs fois notamment pendant le concours Starchef, mais jamais j’aurai imaginé y vivre un jour ».

Trio de gnocchi de banane plantain, d’ignames et de patates douce avec son coulis de tomate moringa et son gombo croquant
Cheffe Lorna, vit vraisemblablement son rêve africain : « Quand j’étais étudiante, ce qui me manquait à l’école de cuisine c’était des cours de cuisines africaines, n’yen avait pas et surtout je manquais de référence. Je m’étais donc toujours dit que j’allais un jour me spécialiser dans les produits africains et la cuisine de l’Afrique ».
Dalal ak Jam Cheffe* !
*Bienvenue en wolof
Crédit photo: Badara Preira
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